« Tomber amoureux de ce qui est »: extraits du livre de Jeff Foster .

-« Pourquoi est-ce que j’écris des livres sur l’essence indescriptible de la vie? Pourquoi est-ce que j’essaie de dire ce qui est indicible? »

« Arrêtez d’attendre que le monde vous rende heureux. Arrêtez de faire que votre joie intérieure dépende des choses extérieures – des objets, des gens, des circonstances, des expériences, des évènements – qui sont en dehors de votre contrôle direct maintenant. »

-« Apprends à aimer le désordre de ta vie, sa nature constamment changeante, son imprévisibilité ».

« Aie confiance en ce moment présent de peine et de doute, aie confiance en la forme quelconque que prend l’intelligence cosmique ».

« Peut-être la souffrance n’est-elle pas du tout l’ennemie, et, en son coeur, y a t-il une leçon en temps réel et de première main que nous devons tous apprendre, si nous devons être vraiment humains. […] Peut-être la souffrance est-elle simplement un rite de passage, non un test ou une punition. »

-« Le regret est la tentative futile de la pensée de modifier le passé ».

« Voici une invitation à aimer le combat de la vie, la peine, la confusion, l’incertitude et même le désespoir qu’elle contient. Aime son imprévisibilité, son caractère incontrôlable, ses qualités ingérables et sa nature mystérieuse. Aime les cahots au long du chemin ».

-« Arrêtez-vous, simplement pour un moment, afin de considérer ceci: un autre jour sur cette terre vous a été donné. Laissez votre cœur se briser en un million de morceaux s’il en a envie. Permettez-vous de pleurer aujourd’hui si les larmes vous viennent. Sentez-vous vulnérable aujourd’hui si la vulnérabilité vous rend visite » […] Et l’invitation de la vie est celle-ci: Ne fais pas un mouvement pour t’éloigner de l’expérience présente. Il peut y avoir de l’or qui s’y cache, et tu ne le sauras jamais si tu essaies de t’en écarter. La vie en elle-même n’est pas cruelle, car la vie EST TOUT CELA. »

-« Que reste-t-il sinon la gratitude? Une gratitude pour le mystère que c’est.[…] Tu as été ici pour témoigner de tout cela. Tu l’as connu. Goûté. Ressenti. Senti. Vu. Le reflet d’une lune décroissante sur la vitre d’une voiture. Le goût de l’eau tranquille. Le parfum du coton. Les profonds silences de la méditation. La féroce intensité de la peur. Le drame du roman d’amour. La béatitude de la solitude […]… »

… Et je vous laisse sur la pointe des pieds pour vous laisser continuer, à votre tour, une liste des moments de votre vie qui vous ont touchés et pour lesquels vous vous sentez plein de gratitude, vous, personnellement… Même de toutes petites choses qui vous viennent, comme ça… Souvenez-vous, et écrivez…

Citations du jour: François Peltier… Sur l’art, la nature et sa beauté…

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« Peindre est une prière »…

« La beauté, je l’ai découverte dans la nature, dès l’enfance. Autant de beauté ne pouvait être le résultat du hasard. C’était un don de « Dieu ». Car tant de beauté qui apaisait mon âme d’enfant, qui lui donnait une sérénité comblée, ne pouvait être sans signification. Et mes longues contemplations de la mer comme mes repas lovés dans le parfum de l’humus me faisaient recevoir chaque jour plus fort ce don de Dieu qu’est la beauté ».

« Face à notre monde dont nous percevons qu’il a pris de mauvais aiguillages, qu’il se dirige vers des jours sombres pour l’homme, sa vie, sa liberté, j’avais deux solutions: me créer un ailleurs, hors de ce monde… Ou tenter de réenchanter le monde. C’est ma tentative, peut-être ratée: l’espérance par la beauté. Honorer la vie et la Création. »

« J’ai pris mon baluchon et je me suis mis en quête de la beauté. Je me suis mis à chercher la ligne, la couleur. J’ai découvert le plaisir et la lumière qu’apporte la justesse d’un glacis outremer sur un semi-opaque rouge cadmium. Alors un monde d’une profondeur indicible se découvre. Il y a un ravissement à voir la couleur s’approfondir et se complexifier. »

« Sans doute parce qu’il y a au fond de soi une nostalgie du paradis perdu, l’homme, naturellement, se sent comblé par la nature. A part quelques citadins aux sens atrophiés, tout homme a ressenti un jour cette plénitude et cette paix que la beauté de la Nature nous offre. »

(Extraits du livre « En chemin vers la beauté » constitué de textes de plusieurs artistes, réunis par Mgr Dominique Rey).

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Ernst Haeckel

Ernst Haeckel

Je viens de découvrir Ernst Haeckel, grâce à un livre aperçu entre les mains de Valérie Lin, jeune artiste allemande que je suis sur YouTube. Un livre que j’ai commandé et que je viens de recevoir.

Artiste, biologiste et philosophe allemand, Ernst Haeckel est l’un des scientifiques les plus influents du XIXème siècle. Défenseur de la théorie de l’évolution et des idées de Darwin, Il est le créateur du terme « écologie » (science de l’ensemble des relations qu’un organisme entretient avec le monde qui l’entoure) et il est considéré comme le père de cette discipline. Si j’ai lu son intéressante biographie, en début d’ouvrage, c’est l’aspect artistique de sa vie qui m’a surtout intéressée. Le dessinateur de talent qu’il était a mis son don au service de la science en réalisant des planches intemporelles et des atlas de biologie dont le charme et la précision des illustrations restent inégalés. Et si elles étaient faites dans l’objectif d’expliquer la diversité infinie du vivant, elles provoquent surtout un sentiment de stupéfaction devant l’impressionnante beauté du monde naturel.

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Si le succès était déjà présent dans ses monographies scientifiques, ses populaires ouvrages Kunstformen der Natur (« Formes artistiques de la nature » en français), qui parurent de 1899 à 1904 sous la forme de plusieurs cahiers, étaient présents dans le foyer de toute personne cultivée de l’époque.

Ces illustrations absolument splendides nous plongent dans un univers d’une féérie incroyable…

Si son livre « Les formes artistiques de la nature » servaient une ambition scientifique, Ernst Haeckel souhaitait surtout piquer la curiosité des personnes s’intéressant aux beautés de la nature. Il visait une cible bien spécifique et ses planches devaient en effet tout particulièrement attirer les artistes et les artisans. Les beaux-arts et les arts décoratifs ont effectivement trouvé dans ces formes artistiques véritables de la nature, de fabuleux motifs inédits et inspirants. De nombreux artistes et même des mouvements entiers, comme l’Art nouveau, se sont inspirés de ses illustrations.

« Comment expliquer le succès légendaire d’Ernst Haeckel de son vivant? Que dire de ses images qui continuent de fasciner tout un public bien après sa mort? » peut-on lire dans le livre. « Qui se plonge dans l’histoire de l’Occident et des liens séculaires entre art et science ne trouvera pas d’autre chercheur au rayonnement si vaste. Quel chercheur peut se targuer d’avoir, par son travail, marqué une esthétique et le goût de son époque?. Et un siècle après sa mort, à l’heure d’Internet, la reproduction de ses illustrations et de ses images s’est accélérée partout dans le monde, et sont devenues « virales »(en langage actuel) ».

Ernst Haeckel Art Forms in Nature 22 Pull-Out Posters von

Ernst Haeckel Art Forms in Nature 22 Pull-Out Posters von

J’ai déjà très envie de feuilleter ce très beau livre et ses illustrations qui me font rêver… Et me donnent envie de regarder les éléments naturels qui m’entourent d’encore plus près!…

Franz Bodo: un artiste amoureux des animaux de la ferme.

Franz Bodo: un artiste amoureux des animaux de la ferme.

Je séjourne actuellement dans le Perche pendant tout le mois d’Octobre, région où je peux assouvir mon besoin de vie à la campagne, de ballades en forêt, de jolies vues sur les prairies où paissent des vaches et des chevaux, créatures très attachantes qui comblent assez bien, je dois l’avouer, mon besoin d’échanges affectifs du moment…

Je suis entrain d’écrire un article sur toutes les merveilles que j’ai découvertes ici, et sur la beauté de l’arrivée de l’automne dans cette région pittoresque et bucolique. Un article que je vous promets de publier à la fin du mois. Je voulais y évoquer un artiste que j’ai découvert ici, grâce à deux petits livres que j’ai achetés dans la boutique de l’écomusée du Perche. Mais comme Franz Bodo n’est pas originaire du Perche, et vit apparemment en Alsace, il n’y avait aucune raison que j’attende la publication de mon article sur le Perche pour vous parler de lui. Voici donc ces deux livres:

Gros coup de cœur!…

J’ai toujours éprouvé une sorte d’amour spontané pour les animaux de la ferme. Depuis ma plus tendre enfance, que ce soit les vaches que je côtoyais dans les alpages savoyards où j’ai passé tant d’étés, ou bien les chevaux, les moutons, les chèvres, les cochons, ou même les animaux de la basse-cour, toutes ces « bêtes », comme on les appellent étrangement, m’ont toujours particulièrement touchée, par leur humilité, leur expressivité, leurs attitudes parfois si drôles dans lesquelles nous nous reconnaissons parfois si bien… Le contact avec elles est tellement enrichissant! Et ceux qui ne ressentent pas ce sentiment à leur égard passent, je le pense sincèrement , à côté de quelque chose…

Ce n’est pas le cas de Franz Bodo. Car pour passer sa vie d’artiste à peindre des bovins, des cochons, des poules, et des oies, il faut beaucoup les aimer, et savoir apprécier leur grâce particulière et leur beauté humble.

J’ai souvent essayé de dessiner des vaches, parce que c’est un sujet qui m’inspire énormément, mais je trouve l’exercice particulièrement difficile. D’abord, parce qu’elles bougent tout le temps! Et ensuite parce qu’il est très compliqué de rendre fidèlement leurs expressions si étonnantes, furtives, et les reflets de la lumière sur leur poil… Et Franz Bodo sait particulièrement bien capter ces choses subtiles.

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On ne peut pas peindre avec autant de virtuosité un sujet comme celui-là, sans une bonne dose d’amour…Et des heures de contemplation attentionnée. Un vrai talent et des œuvres qui me touchent.

« Célébration de la beauté »(Roland de Miller). Ce livre devrait être lu par tous les êtres humains…

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Petit matin

Depuis le jour où j’ai créé ce blog, j’ai eu envie de mettre en avant l’importance de la beauté et de l’émerveillement dans nos vies quotidiennes. Mes articles sont essentiellement consacrés à la beauté (dans l’art, dans la nature…), et à l’importance d’entretenir nos facultés d’émerveillement.

Sans trop m’en expliquer les raisons, depuis mon plus jeune âge, j’ai expérimenté le fait que nos capacités d’émerveillement étaient un vecteur essentiel de notre bien-être et de notre joie de vivre…

La lecture de ce livre m’a permis de comprendre de manière concrète le mécanisme qui opère en nous lorsque nous entretenons cette faculté d’émerveillement devant la beauté. Et il m’a conforté dans cet instinct que j’ai, depuis toujours, de la chercher et de m’en nourrir chaque jour.

Pour Roland de Miller, l’auteur de ce livre, la civilisation occidentale, complètement droguée par le mythe de la croissance économique et démographique, court tout droit à son effondrement. L’auteur n’est pas tendre dans ses réflexions sur l’humanité en général, sur la surconsommation, sur l’univers de l’argent et du profit, sur la sacralisation de la technologie, et notamment sur la mentalité des français:  » Ce qui est effarant, ce ne sont pas tant les catastrophes en elles-mêmes que l’aveuglement avec lequel on continue à les répéter par un système suicidaire et intouchable: c’est l’idéologie de la croissance (du PIB surtout!)… et de la crétinisation des masses. […] Notre pays est extraordinairement beau et varié mais les français ne s’en montrent pas dignes. Le français, technophile et automobiliste acharné, gros consommateur de pesticides et de médicaments, bouliste, téléspectateur, grégaire mais individualiste, chauvin, souvent fumeur et chasseur, friand de polémique politicienne et de matchs de football mais ignorant en matière de nature, d’écologie et d’art, est un fossoyeur de la Beauté, même s’il ne le veut pas consciemment » (Oui, je vous l’ai dit: il y a des vérités qui sont difficiles à entendre!…). Il ajoute: « Dans quelques décennies, les pays d’Europe n’auront plus qu’un seul visage uniforme à offrir. C’est consternant. On appelle ça la mondialisation. ça me donne la chair de poule! Car ce qui fait la beauté de notre planète, c’est sa diversité, et non son uniformité. Perdre ses racines, sa culture, ses paysages naturels, son folklore, c’est perdre son identité ».[…] Pour des milliards de citadins à travers le monde, le cadre de vie urbain est donc devenu de plus en plus absurde et invivable. »[…] « Il y a des millions d’âmes dans notre monde qui ne peuvent supporter le silence; il leur faut constamment être baignées de bruit et d’agitation. Quel sentiment de la nature peut-il y avoir chez des individus dont les oreilles sont en permanence trépanées par le rugissement des motos, le hurlement des sirènes de police, et des musiques agressives? Cette agitation frénétique est le reflet de la profonde aliénation psychique et spirituelle qui rend nos contemporains incapables de sérénité et d’élan sincère vers la beauté.[…] Désormais, les compétitions sportives, la musique techno, la bagnole, Internet, la politique-spectacle et les milles frivolités de la consommation ostentatoire ont un attrait bien plus fort auprès du grand public que tout ce qu’on pourra dire sur l’Art, la Nature ou la culture. »

L’auteur est plutôt alarmiste: « Nous allons à la catastrophe, nous le savons depuis longtemps mais nous y allons quand même ». Il va très loin dans ses propos (parfois même un peu trop, à la limite de théories complotistes auxquelles je n’adhère pas personnellement). Mais la plupart de ses affirmations sont tout de même pertinentes, et difficiles à contester, même si elles peuvent déplaire. Et surtout, son propos essentiel sur l’importance capitale de la beauté pour la survie de l’humanité et la manière dont tout cela s’opère en nous, est franchement passionnante. Il constate avec inquiétude que, dans tous les domaines, le sens et la présence de la beauté sont en passe de s’étioler, et désertent nos vies quotidiennes de citadins pressés.

Roland de Miller est ainsi devenu un des précurseurs de ce qu’on appelle « l’écologie profonde », c’est-à-dire la réflexion sur les liens entre l’écologie et la spiritualité. Et j’aime cette phrase dont la lecture a eu un écho tout particulier en moi, sans doute parce qu’elle correspond pleinement à mon ressenti actuel:

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« J’ai le sentiment océanique et puissant que dans la valeur suprême de la Beauté, sous ses formes multiples, viennent converger toutes les motivations de mon existence. Tous mes écrits antérieurs aboutissent maintenant à cette quête essentielle. Je sais maintenant que j’ai trouvé mon Graal: ce que j’ai de plus précieux au fond de mon cœur, c’est l’adoration mystique de la Beauté divine de la Création. »

« Toutes les conditions se sont progressivement réunies pour faire de moi un être mystique, à la fois fasciné par les beautés de la Nature et engagé dans le combat chevaleresque pour sa sauvegarde »‘.

« Je reçois les rayons du soleil en plein cœur et je n’aurai de cesse de chanter la magnificence de l’univers ».

« La nature est un talisman: j’y cherche sa vibration magique, des élans et des visions cosmiques… […] J’y cherche aussi une vie, de l’inspiration pour mes jours… » (et là encore, je me reconnais dans cette quête…)

 » Chacun a sa voie. La mienne est celle de la Beauté. Je suis un apôtre de la Beauté ».

Pour Roland de Miller, il est maintenant urgent de redonner à l’écologie ses lettres de noblesse en approfondissant ses dimensions culturelles et philosophiques. Cette approche de l’écologie me touche particulièrement… Tellement plus qu’une approche faite de chiffres, de courbes et de théories scientifiques glaçantes.

« Pour célébrer la beauté cristalline du monde, je crois qu’il faut la porter déjà en soi-même, cultiver un sens de l’harmonie sans lequel nous traversons la vie en aveugles indifférents et bornés. Il y faut un regard de poète, d’artiste ou de créateur engagé au service de la vie et de la Terre. »

« A quoi sert la beauté? A nous rendre plus humains, plus sensibles, c’est-à-dire à élever notre conscience de la Vie et de l’Univers. Rien de moins. »

« Face à la société folle et déboussolée, la célébration de la Beauté comme antidote. C’est le plus grand défi de ma vie ».

« Face à l’actualité qui nous apporte son lot quotidien de laideur, de crimes et de catastrophes, la meilleure façon de se ressourcer et de se fortifier, c’est d’élever son âme et de contempler la beauté ».

L’écologie et l’esthétique sont intimement liées, et derrière le combat écologique, c’est bien la beauté de la Terre qui doit fonder nos vraies motivations et déterminer nos plus profondes raisons de sauvegarder la Nature.

Au niveau individuel, la beauté peut littéralement nous guider spirituellement. Mais l’auteur va encore plus loin:

 » Aujourd’hui, je suis de plus en plus convaincu que la Beauté est une de ces valeurs maîtresses qui peut, au niveau individuel, nous guider spirituellement, et au niveau collectif, enrayer l’effondrement culturel sous le coup de la mondialisation économique. » A propos de l’effondrement culturel, Roland de Miller fait ce constat: « Les gens lisent de moins en moins et c’est dramatique. La culture ne passe pas forcément par le livre mais avec l’abandon de la lecture, disparaissent aussi des qualités intellectuelles essentielles comme la structuration du langage, la diversité du vocabulaire, la concentration mentale, l’imaginaire, la réflexion personnelle, la mémoire collective, la liberté d’opinion, la créativité artistique, le sens de la beauté et du patrimoine ».

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« La beauté ne se perçoit pas du premier coup d’œil. Il y a une éducation des sens. Entraîner, éduquer, affiner ses sens nous permet de garder ou retrouver l’esprit de finesse. Enrichi par le goût de la découverte, de l’aventure et de la méditation solitaire, le sens de la beauté est donc assez personnel. »

« Dans les grandes villes, avec l’explosion des modes, des manières de vivre et des gadgets, est-ce que demain la notion de beauté aura encore un sens? C’est le despotisme de l’insignifiance. Les gens ne s’intéressent plus qu’à eux-mêmes : la maladie mortelle de notre époque c’est le narcissisme.[…] La Beauté qui leur est éventuellement proposée de temps à autre est celle du futile, du clinquant, du prédigéré, du luxe voyant et provocateur, des modes passagères… Cette beauté superficielle, décorative, plus ou moins artificielle, est l’expression de l’ignorance, de la pauvreté intellectuelle et morale » (je vous avais prévenu: certains arguments sont un peu durs à entendre dans ce livre, mais qui peut dire qu’ils sont faux? Ces réflexions me font penser à cette mode des selfies et des réseaux sociaux sur lesquels les gens aiment poster le moindre de leurs faits et gestes, même les plus anodins, comme si leur petite personne était la chose la plus intéressante du monde!))

Le livre est un sacré pavé (600 pages! Quand même!…). Il faut être motivé ( je l’étais!). Mais il est vraiment passionnant. Roland de Miller y fait un usage important de citations, nous faisant découvrir au passage de nombreuses personnalités remarquables (écologistes, artistes, écrivains, philosophes…). Et rien que la bibliographie, à la fin de l’ouvrage, fait 35 pages à elle toute seule!… C’est une mine d’or pour découvrir de nombreux autres livres sur le sujet de la Beauté, de la Nature, de l’art, de l’écologie. Une longue liste de trésors…

Quelques citations du livre:

Nicolas Hulot: « Souvent nous regardons sans voir, nous nous contentons du spectaculaire. Il faut probablement un long parcours initiatique, semé de grands chocs émotionnels, de rencontres bouleversantes qui petit à petit exercent la réceptivité, libèrent la sensibilité, pour enfin accéder à la vue. Les choses insignifiantes deviennent alors remarquables et soudain tout vous parle. »

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Claire Fabre: « Qui n’a jamais fait dans sa vie l’expérience d’être bouleversé par la beauté d’un paysage, d’un chant d’oiseau, d’une œuvre d’art, ou même d’un geste ou d’un regard? Ces moments fugitifs font oublier toute pesanteur, tout souci, toute barrière culturelle, jusqu’à la notion du temps. C’est l’être qui affleure alors, dans un moment de plénitude où l’homme se trouve à la fois unifié en lui-même et relié au monde. »

Ralph Waldo Emerson: » La Nature sert un des plus nobles besoins de l’homme, à savoir le besoin de beauté. Le monde existe donc pour l’âme dans le but de satisfaire le désir de beauté. J’appelle cela une fin ultime. On ne peut demander ni donner la raison pour laquelle l’âme recherche la beauté. La beauté, en son sens le plus large et le plus profond est une expression de l’univers ».

Dostoïevski: « La beauté sauvera le monde »

John Keats: « La beauté est vérité, la vérité est beauté, voilà tout ce que vous devez savoir, et tout ce qu’il faut savoir ».

Bertrand Vergely:  » L’émerveillement est un art de vivre. Mieux, une condition vitale. Une réponse à un monde désenchanté. Nous pouvons quelque chose face à la tristesse et à la violence du monde. Cela commence par une attitude intérieure, une façon de penser. S’émerveiller, c’est se réveiller. Ce qui nous fait mourir, ce n’est pas la mort, c’est de ne pas vivre. Il n’y a pas d’autre tragique. »

Rachel Carson: « Le monde de l’enfant est pur, neuf et beau, plein de merveilles et d’émotions. C’est notre malheur à la plupart d’entre nous que cette vision clairvoyante et limpide, cet élan instinctif pour ce qui est beau et impressionnant, soient obscurcis et même perdus avant d’atteindre l’âge adulte. Si j’avais une influence sur la bonne fée qui est supposée présider au baptême de tous les enfants, je lui demanderais que son don à chacun soit un sens de l’émerveillement si indestructible qu’il puisse durer toute une vie, comme un antidote infaillible contre l’ennui et le désenchantement ultérieurs, la préoccupation stérile pour des choses artificielles… »

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« Célébration de la Beauté » Ecologie profonde: la femme, la nature, l’art et la spiritualité. de Roland de Miller aux éditions Sang de la Terre.

La lecture de ce livre devrait être obligatoire!… Pour tout le monde.

« Bienvenue à Créativille » … mon livre (enfin!) édité!… Et disponible en librairie…

« Bienvenue à Créativille » … mon livre (enfin!) édité!… Et disponible en librairie…

Je suis heureuse de vous annoncer la publication de mon livre « Bienvenue à Créativille », sur lequel je travaillais depuis plusieurs années…

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Quatrième de couverture:  

                  

« D’où vient l’inspiration ? Où les artistes trouvent-ils toutes leurs bonnes idées ?  Comment apprendre à développer son imagination, sa créativité ? N’est-ce pas le genre de questions qu’il vous arrive de vous poser?

  Mirabelle est une jeune fille très particulière… Une « artiste » diront  certains, en levant les yeux au ciel. Un jour, par un incroyable et mystérieux concours de circonstances que je vais vous raconter, Mirabelle se retrouve propulsée dans un endroit tout à fait étonnant appelé « Créativille », le village secret de l’inspiration artistique…C’est un village situé hors du temps, dans un monde parallèle, quelque part au milieu de ce qu’on appelle « le Pays des Merveilles ».

Quelques chanceux, choisis par on ne sait quelle force, parviennent mystérieusement jusqu’à Créativille, et sont invités à y séjourner afin de découvrir toutes les techniques visant à développer leur créativité et à enrichir leur pratique artistique.

                     A l’école de Créativille, les élèves suivent des cours « d’imaginosophie »… De curieux professeurs leur proposent toutes sortes d’exercices très spécifiques afin de stimuler leur imagination, d’améliorer leur sensibilité et de parfaire leur pratique artistique, avec des méthodes très originales. Les élèves-artistes ont aussi le loisir de se promener dans les magnifiques décors naturels de Créativille, où on leur apprend, entre autres choses, à écouter les murmures de la Terre, à percevoir la voix de nos ancêtres, à communier avec l’Univers tout entier… A comprendre que l’art est une pratique à la fois sensuelle et spirituelle…

                     J’imagine que vous aimeriez vous aussi connaître ce village extraordinaire ? Il faut absolument que je vous raconte cette histoire dans le détail ! Alors… En route pour « Créativille », le village secret de l’inspiration artistique… »

Pour vous procurer le livre : Version papier ou version numérique directement chez l’éditeur Librinova via ce lien: https://www.librinova.com/librairie/catherine-trembloy/bienvenue-a-creativille

Ou dans les 5000 librairies partenaires de Librinova (FNAC, Cultura, Decitre, Eyrolles, La promesse de l’aube, Dialogues, La Buissonière, Hisler, etc… sur commande, en version papier ou numérique. De toutes façons, il suffit de taper le titre « Bienvenue à Créativille » sur Google, et vous trouverez très facilement tous les sites sur lesquels il est disponible.

Je compte aussi sur chacun d’entre vous pour faire passer l’information à vos amis, réseaux sociaux et connaissances… Surtout à ceux qui aiment l’écriture, et la création artistique sous toutes ses formes et qui sont donc davantage susceptibles d’être intéressés par le thème de la créativité artistique… ou juste ceux qui aiment les contes… Toutes les idées et les initiatives pour m’aider à faire connaitre le livre seront les bienvenues!.. Un grand Merci !..


Sylvain Tesson: un écrivain-voyageur passionnant à découvrir, à lire, à écouter… très inspirant, en somme…

Sylvain Tesson: un écrivain-voyageur passionnant à découvrir, à lire, à écouter… très inspirant, en somme…

sylvain Tesson

J’ai cité quelques fois Sylvain Tesson dans ce blog (notamment dans un article sur Vincent Munier écrit en novembre 2020, avec lequel il a voyagé et écrit un livre). … Cet écrivain-voyageur, géographe de formation, est un personnage atypique, connu pour ses voyages et ses expéditions souvent extrêmes ( ses traversées de continents entiers, à vélo ou à pied) dont il rapporte des carnets de notes ou des films. Il est aussi un auteur prolifique, devenu à présent un de mes écrivains préférés.

Sans avoir lu ses livres, j’avais entendu parler de l’auteur fantasque et de l’aventurier qu’il était avant son accident. En 2014, il chute du toit d’une maison qu’il avait escaladée, après une de ces soirées bien arrosées dont il était coutumier à l’époque. Il reste plusieurs jours dans le coma et sort de cet accident cassé de partout et en partie défiguré.

Ces derniers mois, je suis tombée plusieurs fois sur des reportages le concernant. L’intelligence de ses interventions à la télévision ou à la radio, a commencé à m’interpeller. Je trouve ses propos brillants et toujours très pertinents. J’ai notamment regardé l’émission littéraire « la grande librairie » de François Busnel dans laquelle Sylvain Tesson parlait de son parcours d’écrivain et de voyageur solitaire. Il racontait aussi son accident, sa convalescence et son cheminement pour se sortir de l’état dans lequel cette chute l’a plongé. Son histoire, sa façon de s’exprimer, son éloquence, ses idées et sa vision de la vie m’inspirent. J’ai commencé par lire le livre qu’il présentait ce soir-là ( « un été avec Rimbaud »). J’ai eu naturellement envie d’en lire un autre (« Une très légère oscillation »), puis un autre (« Sur les chemins noirs », dans lequel il raconte la marche « rédemptrice » qu’il entreprend après son accident, à pied et en solitaire, entre Le Mercantour et le Cotentin). Puis j’ai lu sa « Géographie de l’instant »… Et je me suis vraiment régalée avec chacun de ces livres.

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J’aime son style insolent, parfois drôle, parfois poétique… ses propos sont toujours plein de bon sens et d’intelligence…Je partage la plupart de ses idées sur la société, sur la marche du monde, sur la nature humaine, ainsi que son amour de la nature et des grands espaces. J’aimerais juste avoir un peu de sa virtuosité verbale.

Je ne suis pas la seule à m’intéresser au personnage, à ses idées et à son écriture, puisque je viens d’apprendre qu’un film inspiré de son livre « Sur les chemins noirs » est en tournage actuellement, avec le comédien Jean Dujardin dans le rôle de Sylvain Tesson. Il s’appellera « Sur les chemins de pierres », et je suis déjà impatiente de le voir.

Un autre film inspiré de son livre « Dans les forêts de Sibérie » était déjà sorti en 2016. Je vous propose de cliquer sur le lien qui suit pour visionner la bande annonce du film ( « Dans les forêts de Sibérie« )

Alors si aujourd’hui, un deuxième film est tourné sur ce personnage particulièrement inspirant, c’est plutôt une bonne nouvelle. Si c’est le moyen pour qu’un plus large public puisse le découvrir et ait envie de lire ses livres, ce sera une très bonne chose.

En attendant le plaisir de voir ce film, je vous propose ici de découvrir quelques extraits de ses livres, dont je vous conseille vivement la lecture.

-« Le bloc-notes est le genre qui convient le mieux au voyageur, à celui qui souffre de ne pouvoir consigner par écrit tout ce que sa curiosité lui offre d’émerveillement ou lui cause de chagrin. Qu’est-ce qu’un bloc-note? Un herbier. Sur le chemin, on cueille une aimable vision, dans un livre, on rafle une pensée. Une scène de la vie quotidienne nous émeut, nous indispose […] Dans le ciel, un nuage prend la forme d’un visage aimé. Ces copeaux, tombés de la roue du temps, sont jetés dans le carnet de notes. De l’harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l’instant ».( Comme j’aimerais écrire comme ça!!!…)

« Il y a des êtres comme cela, insolents, désinvoltes, étrangers aux circonstances. La grotesque agitation de leurs semblables les ennuie au suprême. Ils savent le chant d’un oiseau ou le vers d’un poète plus importants que les affaires des hommes. A l’humanité empêtrée dans ses guerres, ils semblent dire: »un peu de silence, s’il vous plait! « . C’est vrai, quoi, dans ce monde, on n’entend plus le rossignol! »

-« Nous sommes entrés dans le temps de la connexion permanente […]Les auteurs explorent les bouleversements qu’Internet a provoqué dans tous les champs de nos existences, se félicitent de l’accélération cybernétique, s’enthousiasment de la révolution qui point. Peut-on se permettre un bémol? Et signaler que souvent, Fogel et Patino confondent la puissance de réseau, son avancée fulgurante, sa force virale, sa capacité d’envahissement, avec se valeur intrinsèque. Ce n’est pas parce que nous sommes tous connectés en permanence qu’il en sortira quelque chose. Disposer en un clic de tout le savoir du monde ne rend personne intelligent et Aristote a pu produire sa Métaphysique sans logiciel ».

« Il faut militer pour le recul des écrans qui envahissent le champ de nos existences. Et lutter contre ce discours marchand qui nous promet une société et un monde meilleur grâce aux nouvelles technologies. Nous sommes encore quelques mohicans à préférer le sens de l’orientation au GPS, le sentiment de la Nature à Google Earth, la truculence aux dictionnaires en ligne […] Ils oublient vite, ces hypnotisés du virtuel qu’en matière de technologie, il y a une chose sous nos cheveux qui s’appelle le cerveau. Et que cette très ancienne invention est autrement plus mystérieuse, puissante, passionnante, évolutive et prometteuse que toute application numérique clignotant tristement sur un écran livide. » (parvenir à critiquer la technologie avec poésie… Trop fort!)

-« Marcher, c’est célébrer la lenteur dans un monde qui s’agite; accepter l’ennui dans une société qui ne croit qu’au divertissement; s’adonner à un plaisir modeste dans un système où tout se paie; se replier dans ses pensées dans le brouhaha ambiant […] Flâner, courir les bois, se promener, musarder, sont des actes de liberté, minuscules certes, mais qui appartiennent à celui qui les accomplit ».

-« La marche est un alambic qui distille les scories du corps ».

-« J’ai identifié dans la marche et dans l’écriture des activités qui permettent, sinon d’arrêter le temps, du moins d’en épaissir le cours ».

« La lecture est un refuge par temps de laideur.[…]. Lire nous confirme que la solitude est un trésor. Lire c’est laisser une parole s’élever dans le silence, vous traverser, vous emporter et vous laisser, métamorphosé, sur le rivage de la dernière page. Pour que cette alchimie opère, il faut être seul ».

Extraits du livre « Une très légère oscillation »:

-« Ces derniers mois, j’ai souffert des bavasseries électorales, des huées des députés, des harangues de nos intellectuels. Tous ces gens clamant leurs certitudes sont passablement vulgaires. Si les bêtes et les fleurs sont si nobles, c’est par la grâce de leur mutisme suppliant. Comme il parait doux, le ballet silencieux des cumulus, après ces coulées logorrhéiques »

-« C’est l’aube, le ciel est pur, neuf. Les passereaux se réveillent en pépiant, une tourterelle, déjà, roucoule sous le toit, l’air a gagné quelques degrés de température et l’on entend le crépitement de la neige réchauffée par un rayon mauve. Un chat s’étire en craquant, une araignée répare sa toile éventrée par un drame nocturne, les premières pensées s’ébrouent dans la tête, encore gauches, encore engluées de sommeil. Et c’est dans un tel moment de jeunesse, de gloire et de grâce qu’il faudrait allumer la radio pour écouter les « matinales »?

-« La seule leçon que nous donnent les morts, c’est de nous hâter de vivre. De vivre plus, de vivre avidement. De s’échiner à un surplus de vie. De bénir tout instant.Et d’offrir ce surcroît de vie à eux, les disparus, qui flottent dans le néant, alors que la lumière du soir transperce les feuillages ».

« Le seul inconvénient de la disparition de l’humanité est qu’il n’y aura personne pour se réjouir de l’évènement ».

« La politique de l’enfant unique vient d’être supprimée en Chine. Désormais, chaque petit chinois pourra partager avec son petit frère ou sa petite sœur son désespoir de vivre dans un monde pollué à mort ».

-« Alain Peyrefitte avait raison, la Chine s’est réveillée. Les européens ne se sont pas encore rendu compte qu’ils étaient au menu du petit-déjeuner ».

Sylvain Tesson2

Extraits du livre « Sur les chemins noirs » (dont sera tiré le film évoqué plus haut):

« Il ne s’agirait pas de mépriser le monde, ni de manifester l’outrecuidance de le changer. Non! Il suffirait de ne rien avoir de commun avec lui. L’évitement me paraissait le mariage de la force avec l’élégance. Orchestrer le repli me semblait une urgence. Les règles de cette dissimulation existentielle se réduisaient à de menus impératifs: ne pas tressaillir aux soubresauts de l’actualité, réserver ses colères […] demeurer entre les murs de livres et les haies forestières ». ( Se souvenir de ce conseil génial!)

-« Les nouvelles technologies envahissaient les champs de mon existence, bien que je m’en défendisse. Il ne fallait pas se leurrer, elles n’étaient pas de simples innovations destinées à simplifier la vie. Elles en étaient le substitut.[…] Il était ingénu de penser qu’on pouvait les utiliser avec justesse. Elles remodelaient la psyché humaine. Déjà, elles régentaient la langue, injectaient leurs bêta-bloquants dans la pensée. La vie avait-elle plus de grâce depuis qu’elle transitait par les écrans? « 

-« Expression lue sur un panneau à l’entrée d’un chemin: »La praticabilité de cet itinéraire n’est pas garantie ». On devrait annoncer cela à tous les nouveaux-nés au matin de leur vie! »

Je vous propose de visionner l’émission « Thé ou Café » et de regarder cet ( Entretien avec Sylvain Tesson) dans lequelle Catherine Ceylac dresse un joli portrait de l’écrivain. Il y exprime sa passion des livres, nous parle de son travail d’écrivain, et nous parle un peu de lui. Je ne peux m’empêcher de penser que la richesse et l’aisance de son discours changent agréablement de ceux qu’on entend trop régulièrement sur la plupart des réseaux sociaux actuels, et se distinguent des discours tenus par tous ces « influenceurs » à la mode, venus de nulle part, souvent caractérisés par la pauvreté de leur vocabulaire et leur absence totale d’intérêt.

Et il y a aussi cet interview de 2013 :« Une liberté vertigineuse » dans laquelle il nous parle de sa passion des livres…

« Habiter poétiquement le monde », aux éditions Poesis. Choix des textes et conception de Frédéric Brun.

habiter poétiquement le monde

« Habiter poétiquement le monde »… Cette expression, empruntée aux célèbres vers du poète allemand Höderlin, n’a jamais cessé depuis deux siècles d’être citée ou commentée par des écrivains, des poètes, et des philosophes de tous les pays. Elle me touchait déjà avant de lire ce livre. J’ai croisé cette phrase plusieurs fois au cours de mes lectures ces derniers temps… notamment dans un autre livre passionnant qui s’appelle »célébration de la beauté »( de Roland de Miller), et sur lequel j’ai écris un article récemment.

Frédéric Brun a choisi des extraits de textes de grands auteurs pour constituer cette anthologie-manifeste proposant des pistes essentielles pour « habiter le monde poétiquement ».

Les textes sont classés en cinq périodes:

-Le monde romantique, avec Hölderlin, bien-sûr, mais aussi Novalis, Shelley, Lamartine, George Sand, entre autres…

-Le monde post romantique, avec Thoreau, Emerson, Nerval, Baudelaire, Rimbaud…

-Le monde moderne, avec Rilke (et son inoubliable lettre à un jeune poète), Proust, Tagore, Saint-Exupéry…

-Le monde du renouveau, avec Cocteau,Breton, Saint-john Perse…

-Et enfin le monde contemporain, avec Yves Bonnefoy, J-M Le Clézio, Christian Bobin, et bien-sûr Sylvain Tesson, dont je suis entrain de lire tous les livres un par un, et dont je ne me lasse pas…

Et ceux-là sont juste quelques uns des auteurs extraordinaires qu’on retrouve dans ce livre, sans oublier des personnalités d’autres disciplines, comme le sociologue Edgar Morin, l’astrophysicien Hubert Reeves et l’agriculteur biologiste Pierre Rabhi.

Lorsque tous ses auteurs évoquent leur désir d’habiter poétiquement le monde, ils ne parlent pas forcément d’écrire des vers à longueur de journée… Il est plutôt question ici d’une véritable manière de vivre et de regarder le monde…

Extraits:

-La poésie est le langage universel que le cœur tient à la nature.[…] Partout où existe un sentiment de beauté, de puissance ou d’harmonie, comme dans le mouvement de la vague sur la mer, dans la croissance d’une fleur qui étend dans l’air ses feuilles délicates, et dédie au soleil sa beauté, là est la poésie à sa naissance.Elle n’est pas une branche du métier d’auteur, mais « l’étoffe dont notre vie est faite ».(William Hazlitt

-Le poète a un sens particulier, c’est le sens du beau (George Sand)

-La poésie, c’est l’enthousiasme cristallisé (Alfred De Vigny)

-La poésie est, d’abord, une manière d’être au monde » (Colette-Nys Mazure)

-Avant que d’être changé, le monde n’a-t-il pas besoin d’être réenchanté? N’avons-nous pas besoin de l’aimer et de le contempler pour retrouver l’énergie d’en prendre soin? c’est cet amour profond de ce que j’appelle « la symphonie de la Terre », qui, au delà des constats alarmants sur les désastres actuels et à venir, me pousse à œuvrer à la mise en place de solutions(Pierre Rhabi).

-Être vivant, c’est d’abord savoir regarder.[…] Le regard donne son mouvement au monde. Il ne faut pas s’habituer. Il faut être stupéfait tout le temps, par chaque nouvelle vision.[…] J’ai cet infini jouissable de l’instant présent, durci en moi, un vrai diamant qui flamboie dans mon corps. (J.M. Le Clézio).

-La poésie a pour fin la quête spirituelle de la Beauté.[…] Le sentiment du beau est produit par l’émerveillement que le poète éprouve en face des chose de la création. Cet éblouissement de l’âme restitue aux objets leur fraîcheur originelle, il les renouvelle, les illumine, il rend aux mots qui les nomment une part de leur transparence.(Marc Eigeldinger)

-Dans cette lutte incessante que constitue le monde moderne, les contemplatifs sont les guerriers les plus résistant[…] Les poèmes du boulanger, ce sont ses pains… Je crois que, au fond, c’est ça la poésie, c’est juste un art de la vie. (Christian Bobin)

-La poésie n’est pas simplement un art du langage. Elle me semble porteuse d’une plus grande ambition, se voulant, au plan de l’existence, recherche d’une autre lumière et d’un autre langage pour donner sens à notre séjour, à notre habitation de la Terre. Aujourd’hui, nos vies sont gouvernées, pour l’essentiel, par une logique économique, une rationalité marchande, dont on voit bien, à la faveur de la crise en cours, combien elle est déraisonnable et dommageable à l’humanité tout entière.(Jean-Claude Pinson).

-Le moindre de nos gestes a son importance dans un monde qui apparait pour la plupart d’entre nous de plus en plus imprévisible; accrochons-nous à ces gestes et à ces mots simples pour habiter la terre avec un peu plus de lenteur, d’émerveillement et d’humanisme. (René Char)

-Il faut que l’homme habite poétiquement ce monde, qu’il cesse de courir après une croissance effrénée pour retrouver l’essence de son existence. Il doit tenter d’exister avec le plus de réceptivité possible, en contemplant les beautés qui nous entourent, en s’en nourrissant, s’en inondant l’âme et les yeux, en essayant chaque jour de regarder plus attentivement le ciel, la mer, l’écume, les arbres, le sourire d’un enfant, avec les yeux et l’esprit du poète.(Frédérique Brun)

Poésie, Cahier De Poésie, Le Romantisme, Vieux Cahier
« Pourquoi écrire va vous rendre heureux » traduction du best seller de Natalie Goldberg « writing down the bones ».

« Pourquoi écrire va vous rendre heureux » traduction du best seller de Natalie Goldberg « writing down the bones ».

Des millions de passionnés d’écriture aux États-Unis et dans le monde entier ont adopté la méthode proposée dans ce livre parce qu’elle a révolutionné leur manière d’écrire et d’affronter la page blanche. Publié en 1986 aux USA, j’avais lu ce livre à l’époque dans sa langue originale, mais lorsque je trouve une traduction, je préfère toujours lire les livres dans ma langue maternelle parce que les idées s’impriment mieux dans mon esprit. Et je viens précisément de trouver cette traduction récente du livre « writing down the bones »aux éditions Robert Laffont.

Pourquoi-ecrire-va-vous-rendre-heureux

Natalie Goldberg est américaine. Elle pratique la méditation zen et enseigne l’écriture depuis plus de quarante ans, notamment dans des ateliers d’écriture particulièrement appréciés outre-atlantique. Elle a écrit une quinzaine d’ouvrages, mais celui-ci est sans doute le plus connu.

Au delà d’une méthode, Natalie Goldberg s’attaque aux racines de la création littéraire, détaillant des mécanismes aujourd’hui confirmés par les neurosciences, et s’attache à ancrer l’écriture dans le quotidien. Elle offre de nombreux conseils extrêmement pertinents, des idées pour trouver le lieu idéal pour écrire, des conseils pour s’ouvrir à l’inspiration, pour écouter vraiment (plus on écoute avec attention le monde qui nous entoure, mieux on écrit); elle nous fait découvrir le pouvoir du verbe (les verbes fournissent l’énergie des phrases).

Elle nous apprend pourquoi et comment Écrire apaise et rend heureux.

« Nos vies sont à la fois ordinaires et mythiques. Nous vivons et mourrons, vieillissons en beauté ou tout ridés. Nous nous levons le matin, achetons du fromage blanc, et espérons que nous aurons assez d’argent pour le payer. En même temps, nous avons des cœurs magnifiques qui battent malgré le chagrin et les hivers que nous vivons sur terre. Nous sommes importants et nos vies sont importantes, à vrai dire magnifiques, et tous leurs détails sont dignes d’être rapportés.Voilà comment les écrivains doivent penser, voilà comment nous devons nous asseoir, stylo à la main ».

Natalie Goldberg conseille à ses étudiants de tenir ce qu’elle nomme un « journal de travail », consistant tout simplement à se livrer à « une pratique de l’écriture la plus régulière possible mêlant remarques quotidiennes, notes de lecture, idées, bribes, récits de rêves, fragments de récits, poèmes, enthousiasmes et colère… Dans un désordre propice au foisonnement, une sorte d’atelier à ciel ouvert qui permet de découvrir, petit à petit, comment fonctionne son esprit ».

L’élément de base de sa pratique de l’écriture est « la séquence chronométrée. »Il s’agit de choisir une période de dix, vingt minutes, ou même une heure… Et d’appliquer ce qui suit:

-1 Garder le stylo en mouvement (ne pas s’arrêter pour relire ni faire de pause)

-2 Ne rien raturer

-3 Ne pas se soucier de l’orthographe, de la ponctuation, ni de la grammaire

-4 Se laisser aller complètement (ne pas se censurer)

-5 Ne pas réfléchir. Ne pas essayer d’être logique.

-6 Aller droit au but (même si des choses effrayantes surgissent de votre écriture. Il y a sûrement beaucoup d’énergie à y puiser)

« Voici les règles. Il est important de les suivre, car le but est de percer le brouillard de son esprit, jusqu’à l’endroit où l’énergie n’est plus freinée par les bonnes manières, ni par notre censeur intérieur. »[…]Les pensées spontanées ne sont pas entravées par l’ego, ni par ce mécanisme en nous qui essaie de tout maîtriser et de nous prouver que le monde est solide, durable et logique. Or, le monde n’est pas permanent ».[…] Le moment présent recèle une énergie énorme. »

Autres extraits choisis:

« Au fond, si tu veux devenir un bon écrivain, il faut faire trois choses: beaucoup lire, écouter en profondeur, et beaucoup écrire. Et ne pas trop réfléchir. Entre simplement dans la chaleur et les couleurs des mots, des sons et des sensations et continue à faire courir ton stylo sur la page. »

« Si on lit de bons livres, de bons livres sortiront de nous quand on écrira.[…] Alors, écoute, lis et écris, tout simplement. Peu à peu, tu te rapprocheras de ce que tu as à dire, et tu l’exprimeras avec ta propre voix ».

« Ne te préoccupe ni de ton talent, ni de tes aptitudes: ils croîtront avec la pratique. On apprend à écrire en écrivant. C’est aussi simple que ça ».

-« Utilise des détails originaux lorsque tu écris. La vie est déjà tellement riche que si tu arrives à coucher sur le papier les vrais détails des choses telles qu’elles étaient et telles qu’elles sont, tu as à peine besoin de plus ».

« Plus on écoute avec attention, mieux on écrit ».

« Même quand tu n’es pas entrain d’écrire, tu restes un écrivain. Cela ne te quitte pas. Utilise tes sens comme un animal ».

« Je suis un écrivain. Un écrivain passe forcément beaucoup de temps tout seul à écrire.[…] Chaque fois que je suis désorientée, je me dis: Natalie, tu as prévu d’écrire. Maintenant, écris. Je m’en fiche que tu te sentes toute seule et complètement barge. »

« Reste lié à ton engagement dans cette pratique sauvage, idiote et merveilleuse qu’est l’écriture ».

Et je termine par des extraits de ce texte écrit par Natalie Goldberg, qui répond elle-même à la question qu’elle pose souvent à ses stagiaires: Pourquoi j’écris?

« J’écris parce que je veux vivre éternellement[…] Je suis peinée par l’aspect éphémère de nos vies, par le passage du temps. A la lisière de toutes mes joies est tapie l’angoisse que tout cela va disparaître…[…] J’écris parce que je suis seule et que je traverse le monde seule. Et si je n’écris pas, alors personne ne saura ce qui m’a habité…[…] J’écris parce que je suis folle, schizophrène, et je le sais, et je l’accepte, et parce qu’il faut bien en faire autre chose que d’aller dans une maison de fous. J’écris parce qu’il y a des histoires que les gens ont oublié de raconter… »

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