« Le piéton se réjouit toujours… Il est le seul vrai voyageur. Il savoure le sentiment gai et frais de la route. Il ne fait qu’un avec le paysage. Il sent les pulsations du vent et lit le langage des choses. Ses sens envoient d’incessants messages à son esprit. Le vent, le gel, la pluie, la chaleur, la forêt signifient quelque chose pour lui. Il participe au panorama de la Nature. Il n’est pas seulement son spectateur. Il fait l’expérience sensible de la campagne qu’il traverse -il la goûte, il la sent, l’absorbe, alors que le voyageur dans sa belle voiture ne fait que la voir. » (John Burroughs).
John Burroughs est l’un des écrivains-naturalistes les plus connus aux Etats-Unis. Né en 1837 dans le village de Roxbury, il est le seul de sa famille à être attiré par l’étude. A dix sept ans à peine, il devient instituteur dans un petit village et, n’ayant pas les moyens de payer des études supérieures, il fréquente assidument les librairies et les bibliothèques, et commence par écrire des articles dans la presse locale. Il exerce son métier d’instituteur pendant dix ans, tout en s’intéressant à la nature environnante et en revenant de temps à autres, travailler sur les terres familiales. Il est donc tout naturellement influencé par la philosophie de Ralph Aldo Emerson.
Après ses dix ans dans l’enseignement, il quitte la campagne pour s’installer avec son épouse à Washington, où il trouve un emploi de bureau et se mêle à une communauté de bohèmes littéraires, parmi lesquels il rencontre Walt Whitman, qui l’encourage dans la voie des « écrits de nature ». John Burroughs loue un lopin de terre tout près du capitole, y élève des poules et y fait paître une vache qu’il a fait venir par bateau sur le fleuve Potomac.
En 1867, c’est à Walt Whitman qu’il consacre son premier livre. En 1871, il publie un recueil d’articles principalement consacré aux oiseaux et à partir duquel il utilisera désormais un style d’écriture à la composition très libre entrelaçant nature, littérature et sciences naturelles.
En 1873, Il quitte Washington et retourne dans son village natal où il achète quelques hectares de vignes et construit une maison en lisière de forêt. Il se consacre alors à sa vie d’écrivain-fermier-penseur-naturaliste, une forme d’activité qui lui vaudra alors une grande popularité.
« Je me dois de louer la vie simple, car c’est celle que j’ai vécu et que j’ai trouvée bonne. Dès que je m’en écarte, de funestes conséquences s’ensuivent. Il me plait d’habiter une petite maison, de me vêtir et de vivre dans la simplicité […] Comme on se sent libre, comme on savoure les éléments, comme on les sent proches, comme ils épousent votre corps et votre âme![…] Être capable d’éprouver la suffisance des éléments universels; se griser d’air et d’eau; se rafraîchir d’une promenade matinale ou d’une balade nocturne; trouver plus satisfaisante une cueillette de baies sauvages que des fruits des tropiques offerts en cadeau; s’émouvoir à la vue des étoiles; exulter devant un nid d’oiseaux ou une fleur sauvage printanière -ce sont quelques unes des récompenses que procure une vie simple. »
