
Je viens de passer de longs moments dans un élevage de brebis qui était en pleine période d’agnelage.
Très gentiment accueillie par toute une famille d’agriculteurs aveyronnais, j’ai pu suivre les différentes étapes de l’agnelage, période particulièrement dense, de jour comme de nuit, et épuisante pour les éleveurs… Comme pour les brebis!…
Je n’ai pas l’ambition d’écrire ici un article technique sur l’agnelage. D’autres l’ont déjà très bien fait avant moi. Si vous me suivez un peu sur ce blog, vous savez déjà que ma vision poétique de la vie donne toujours l’orientation, le ton et la couleur de ce que je fais, de ce que je choisis d’écrire ou de dessiner… « Habiter poétiquement le monde », comme le préconisait Novalis… Je crois que chacun est responsable des images qu’il décide de laisser entrer dans son esprit. En ce qui me concerne, j’ai définitivement choisi de ne plus y laisser entrer que la beauté.
La première chose qui m’a marquée dans cette expérience, c’est le courage humble de ces « bêtes », pleines jusqu’au fond des yeux, fatiguées mais patientes avec ce que leur destin de brebis d’élevage leur impose. On ne s’intéresse généralement pas beaucoup aux brebis lorsqu’on en voit brouter dans les champs, sur nos chemins de campagne… Et pourtant, lorsqu’on prend le temps de les observer, elles sont très attachantes…


Le temps d’attente est pénible pour elles… Personne pour leur tenir la main, les rassurer sur ce qu’elles ressentent… Le ventre énorme, elles marchent lentement, de long en large, se regardent, se flairent… Se couchent lourdement, s’appuient l’une sur l’autre, ferment les yeux, se relèvent péniblement…



Seul le moment du repas, servi par le patron, leur fait immédiatement retrouver tout leur entrain!…

leurs gros ventres font qu’elles sont un peu plus serrées que d’habitude… Mais il y en a toujours assez pour tout le monde!…


Puis vient le moment du travail et des premières contractions… Naturellement, je ressens beaucoup d’empathie pour elles. Lorsque leur ventre se contracte, elles tendent la tête vers le ciel…





Première urgence pour l’agnelet: respirer. Ensuite, se dresser sur ses pattes pour apprendre à téter maman…



Ensuite, un gros sommeil semble rattraper tout le monde…. Trop d’émotions!…




Très vite, tout ce petit monde se dresse sur ses pattes et trouve le chemin d’une joyeuse et turbulente fraternité…


« Cours! Cours!…, petit agneau,
Gambade, saute et cabriole!
Mais ne t’arrête jamais de courir
Sinon les humains t’attraperont pour se nourrir! »

Et comment rester insensible devant ce genre de frimousses?



Voici un lien vers ma chaine YouTube, pour visionner une courte vidéo (« Agnelage… Entre émotions et compassion », traduisant mes impressions sur cette expérience inoubliable… Je remercie encore ici toute la famille d’agriculteurs aveyronnais qui m’a accueillie dans leur exploitation, avec beaucoup de gentillesse et de patience, alors même qu’ils traversaient une période de travail particulièrement intense.

Une page de mon carnet créatif, inspirée par ces moments et ce lieu…
